TEST | Canon EOS 1300D, le reflex débutant qui vous veut du bien

Parmi les nombreux reflex Canon EOS, la série des EOS 1000D se veut l’amie des photographes débutants désireux de découvrir le monde des APN à objectifs interchangeables en douceur, pour un budget modeste (moins de 500 € en kit). Évolution douce de l’EOS 1200D de 2014, l’EOS 1300D se distingue principalement par son « nouveau » processeur, un écran mieux défini et l’ajout du duo Wi-Fi/NFC. Si le pari de la simplicité est relevé haut la main, cela ne va pas sans de nombreuses concessions.

PRÉSENTATION

Laissant le soin à ses grands frères d’introduire et d’essuyer les plâtres des nouvelles technologies, le Canon EOS 1300D propose une fiche technique basique, pour ne pas dire sommaire, très largement reprise du Canon EOS 1200D : capteur CMOS APS-C de 18 Mpx, sensibilité de 100 à 6 400 ISO, 9 collimateurs AF, menus dépouillés, rafale de 3 images par seconde, vidéo Full HD en 30 i/s. Point barre. Heureusement, le « nouveau » processeur Digic 4+ vient égayer l’ensemble, Canon le présentant comme 60 % plus rapide que le Digic 4 de l’EOS 1200 D.

PRISE EN MAINS

Entrée de gamme ne veut pas dire bas de gamme : la construction de l’EOS 1300D est sérieuse. Le revêtement légèrement texturé de bonne qualité. La poignée creusée juste ce qu’il faut offre une bonne préhension. C’est un boîtier rassurant, qui ne perdra pas son utilisateur dans les excès de commandes en tous genres. Seule modification minime par rapport à son prédécesseur, la commande de flash sur l’épaule droite, derrière le déclencheur, perd le petit pictogramme blanc sur fond noir signalant sa présence. Il vous faudra quelques secondes pour le trouver au début. C’est la seule « difficulté » que vous pourriez rencontrer. Pour le reste, tout file paisiblement, sans perturbations. Enfin, histoire de ne rien gâcher, le fonctionnement de l’EOS 1300D se révèle très silencieux et l’obturateur se montre particulièrement discret, avec un joli bruit souple lors de l’amortissement du miroir. Voilà qui met en confiance.

Les menus Canon ont été simplifiés pour l’occasion. Bien lisibles, bien hiérarchisés, ils assurent le service minimum au risque de priver de certaines fonctions pourtant fort utiles. Il faudra ainsi renoncer au niveau électronique, aux assistances de mise au point manuelle (ni focus peaking ni loupe), et se contenter de réglages autofocus réduits à leur plus simple expression. En fait, en termes de prise en main, l’EOS 1300D est comme un très gros compact qui se cache dans la peau d’un reflex à objectifs interchangeables.

L’écran conserve sa diagonale de 7,5 cm, mais double sa définition, passant à 920 000 points et permettant au petit reflex de rentrer dans les clous. Il n’est en revanche ni tactile ni orientable, ce qui est dommage puisque ce sont deux technologies que Canon maîtrise pourtant bien. Le viseur optique, quant à lui, est propre, mais ne brille ni par sa luminosité ni par sa précision. En effet, Canon ne semble toujours pas vouloir s’inspirer des reflex Pentax qui, dès l’entrée de gamme, proposent des viseurs à 100 %. Ici, la couverture n’est que de 95 % : ce que vous prendrez réellement en photo sera donc légèrement plus large que ce que vous aurez cadré. Rien de dramatique, certes, mais toujours un peu frustrant pour les amateurs de cadrage au cordeau. Notez que les porteurs de lunettes pourront être gênés par le faible dégagement oculaire.

Les connectiques physiques sont réduites au trio USB 2.0, HDMI et prise télécommande. La grande nouveauté est donc le Wi-Fi, qui permet de piloter son appareil depuis un smartphone iOS ou Android via l’application Canon Camera Connect. Les possibilités de réglages sont, c’est un leitmotiv sur ce boîtier, simples, mais suffisantes : choix de la zone de mise au point, choix de la sensibilité, correction de l’exposition, sélection de la cadence de prises de vues, type de mise au point automatique. Il est même possible de modifier manuellement la mise au point ! Si tout cela est sympathique, l’affaire se révèle rapidement poussive dans les faits. La mise au point manuelle est aussi laborieuse que peu précise. La mise au point automatique, quant à elle, n’affiche pas le rendu en temps réel : il faut attendre que la photo soit capturée pour voir si le changement de mise au point a bien été pris en compte. Pas très intuitif ni très convivial, d’autant plus qu’il peut s’écouler de longues, très longues secondes entre le moment où vous déclenchez sur votre smartphone et celui où l’image est réellement prise. Bref, une fonction distrayante les premières fois, mais rapidement oubliable par la suite.

RÉACTIVITÉ

Notre boîtier étant fourni nu, sans objectif, nous avons jeté notre dévolu sur le nouveau Canon EF-S 18-135 mm f/3,5-5,6 IS USM Nano USM présenté début 2016 pour réaliser nos relevés de réactivité et nos tests de qualité d’image. Couplé au processeur Digic 4+, l’EOS 1300D ne pouvait donc que mieux s’en sortir que l’EOS 1200D. Sauf qu’avec le bon vieux module AF à 9 collimateurs, tous les efforts se soldent par un progrès quasiment nul. Ceci dit, ce n’est pas grave : l’EOS 1200D était déjà un petit reflex très vif, l’EOS 1300D confirme ses excellentes aptitudes, avec un temps de démarrage qui semble quasiment instantané. La rafale, quant à elle, s’établit à presque 3 images par seconde, en gardant à l’esprit qu’en RAW le buffer sature dès la quatrième image.

Là où le petit nouveau se détache nettement de son aîné, c’est lorsqu’il s’agit de faire intervenir le LiveView, un critère de plus en plus important, tant les photographes ont pris l’habitude de cadrer à travers leur écran de smartphone. L’EOS 1300D met ainsi 2 secondes de moins que le 1200D pour enchaîner deux images ! Formulé de la sorte, il y a de quoi rêver. Sauf qu’en fait, en LiveView, il faudra toujours attendre au moins trois secondes entre deux photos. L’autofocus, de son côté, ne fait finalement guère mieux, puisqu’il lui faut systématiquement deux secondes pour trouver le point et déclencher. Une latence qui pourra en refroidir plus d’un et qui est tout particulièrement mal venue compte tenu du positionnement public de ce Canon. Vivement la démocratisation du Dual AF de l’EOS 70D.

QUALITÉ DES IMAGES

Avec un processeur Digic 4+ déjà bien rodé et un capteur CMOS APS-C à la définition raisonnablement maintenue à 18 Mpx — c’est, au demeurant, bien suffisant —, le Canon EOS 1300D veut surtout assurer ses arrières et éviter les mauvaises surprises. Et parce qu’il est adepte du combo bretelle et ceinture, il ne prend pas de risque avec sa plage de sensibilité démarrant à 100 ISO et s’arrêtant à 6 400 ISO. En 2016, cela a de quoi prêter à sourire, mais, sans surprises, pas de mauvaises surprises. L’EOS 1300D assure comme un petit chef et s’en sort avec les honneurs avec les outils qui lui sont confiés.

Ainsi, si s’aventurer au-delà de 400 ISO sur l’EOS 1200D devait s’effectuer avec retenue et parcimonie, l’EOS 1300D grimpe sans rechigner jusqu’à 1 600 ISO. Et même jusqu’à la sensibilité maximale de 6 400 ISO, il n’est pas déplaisant. Alors, oui, les fins détails sont lissés et un léger bruit vient perturber l’ambiance, mais un petit peu de passage dans le développeur RAW et ces désagréments appartiendront à l’histoire ancienne. Le rendu colorimétrique se révèle bien plus juste que précédemment, sans saturation criarde. La gestion des contrastes est plus naturelle, plus subtile. Le zoom EF-S 18-135 mm f/3,5-5,6 IS USM Nano USM lui va comme un gant, avec des aberrations chromatiques bien maîtrisées et une déformation perceptible au grand angle qui s’estompe rapidement.

VIDÉO

Si jusqu’à présent l’EOS 1300D se montrait brave et digne d’intérêt, il baisse totalement les bras et manque furieusement d’ambition en vidéo. Ce n’est pas tant le fait qu’il se contente de Full HD en 30p qui déçoit, ni l’absence de modes PASM ou l’impossibilité de photographier pendant l’enregistrement du film, mais plutôt la globalité de la prestation. L’image manque clairement de détails. La captation sonore est désespérément plate : aucune latéralisation, aucune basse, aucun aiguë, tout dans le médium. En revanche, il est très bon pour enregistrer les petits cliquetis que vous produirez en manipulant la molette d’index ou les boutons. L’autofocus est inexistant, une fois encore, et si vous pensiez compenser cette absence en basculant sur la mise au point manuelle et régler le problème à la main, sachez que c’est peine perdue : vous pouvez tourner la bague de mise au point tant que vous le voulez, il ne se passe rien. Et dire que simultanément Hollywood réalise des blockbusters avec des reflex Canon…

POINTS FORTS

Simplicité d’utilisation.
Bonne qualité de construction.
Excellente réactivité.
Bonne qualité d’image.
Wi-Fi et NFC.

POINTS FAIBLES

Pas d’écran tactile.
Pas d’écran orientable.
Pas d’assistance à la mise au point manuelle.
Pas de visée à 100 %.
LiveView poussif.
Fonctions vidéos très limitées.
Pas d’aufotocus en vidéo.
Application Wi-Fi peu réactive.

CONCLUSION

Doucement, mais sûrement, l’EOS 1300D fait progresser les reflex Canon d’entrée de gamme : simplicité d’utilisation, excellente réactivité, bonne qualité d’image, l’essentiel est assuré. De quoi débuter en douceur, avec une valeur sûre. Mais très rapidement, vous serez confrontés au LiveView poussif, aux limitations en vidéo, aux nombreuses lacunes dans les menus qui vous donneront envie de regarder ce qu’il se fait un peu au-dessus dans la gamme ou, directement, parmi les APN hybrides à tarif équivalent.

Source : lesnumeriques.com